Cochenille-tortue du pin : une menace pour nos pins
La cochenille-tortue du pin : un nouveau ravageur pour nos pins
La cochenille-tortue du pin (Toumeyella parvicornis) est une cochenille dont l'aire de répartition se limitait, jusque dans les années 2000, à l'Amérique du Nord. Elle commence ensuite à être repérée hors de son territoire, s'invitant en Amérique centrale puis dans les Caraïbes, avant de débarquer en Europe, en 2014, par l'Italie, décimant de nombreux pins parasols de Naples et de Rome. En France, elle est observée pour la première fois en juin 2021, sur des pins de Saint-Tropez. Depuis, le département du Var est sous surveillance.
Les pins sensibles aux attaques de Toumeyella parvicornis à surveiller sont : le pin parasol (Pinus pinea), le pin Maritime (Pinus pinaster), le pin noir (Pinus nigra) et le pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Comment reconnaître Toumeyella parvicornis ?
La cochenille-tortue du pin est un petit hémiptère (comme les pucerons, les cigales ou les punaises). Pour la repérer, il faut observer les rameaux fins, les petites branches et les pousses de l'année. La femelle mesure entre 3,5 et 5 mm de long. De forme ovale très convexe et de couleur marron rougeâtre ponctuée de taches noires, elles font penser à des carapaces de tortues miniatures. Certaines colonies sont parfois visibles sur les aiguilles : les femelles sont alors vert pâle et de forme allongée. Ces deux types de colonies ne sont jamais observés sur les mêmes pins hôtes. Les mâles, quant à eux, sont difficiles à voir : ils se développent dans un bouclier durant six semaines puis se transforment en insectes ailés de 1,5 mm et ne vivent que deux jours.
Plusieurs générations de cochenilles-tortues par an
Les femelles fécondées passent l'hiver sur les pousses de pins, regroupées en colonies denses. Au printemps, elles se réveillent, finissent leurs cycles en se nourrissant de la sève des arbres, puis pondent 500 œufs chacune, en juin. Les petites larves femelles, de couleur orange, vont se déplacer un peu plus loin (généralement sur la même pousse) jusqu'à trouver un endroit pour se fixer définitivement : elles s'y nourriront, s'y accoupleront, y pondront et y mourront durant l'été.
En Amérique du Nord, les cochenilles-tortues ne produisent qu'une seule génération par an, mais sous climat plus chaud, plusieurs générations peuvent voir le jour. En Italie, on en compte jusqu'à 3. On peut raisonnablement penser que, sur la Côte d'Azur, l'espèce puisse également en produire plus d'une.
La dissémination des cochenilles-tortues
Si les larves femelles se fixent rapidement et définitivement près de leurs mères, comment ce ravageur arrive-t-il à se propager de pin en pin ? Il semblerait que la dispersion se passe au moment du stade larvaire, lorsque les immatures sont mobiles. Le transport se ferait par le vent, les oiseaux, ou d'autres animaux. Quant à la dissémination internationale, le commerce des plantes (et la plantation d'arbres contaminés) peut être largement pointé du doigt.
Des dommages irréversibles
Premièrement, les nombreuses cochenilles-tortues femelles présentes sur un pin se nourrissent de la sève de leur hôte. Les rameaux colonisés finissent par rougir et dépérir. De plus, les cochenilles-tortues produisent une quantité abondante de miellat, sur lequel se développe un champignon, la fumagine. Il se présente sous la forme d'une poudre noire qui gêne la photosynthèse, participant ainsi au dépérissement amorcé.
À la recherche de solutions
Alors qu'en Amérique du Nord, plusieurs espèces d'ennemis naturels de la cochenille-tortue du pin ont été observées, en Europe, ce n'est pas encore le cas, où cette espèce est donc considérée comme invasive.
Côté traitement, il n'existe aucun produit phytosanitaire homologué permettant de s'en débarrasser. Il est, malgré tout, possible de faire appel à des entreprises spécialisées qui utilisent un traitement biologique à base d'huile essentielle d'orange amère. Utilisé à répétition, il assèche les cochenilles et les tue. Ce n'est pas encore la panacée, mais cela permet de freiner son expansion.
En attendant de trouver le produit miracle, un arrêté ministériel paru en mars 2022 précise les mesures visant à « éviter l’introduction et la propagation de Toumeyella parvicornis sur le territoire national ». Dans un certain nombre de communes sensibles du Var, des mesures obligatoires touchant les professionnels (pépiniéristes, paysagistes, jardineries et autres producteurs ou vendeurs de végétaux) et concernant la plantation des espèces sensibles de pins, la détection des foyers de contamination et l'élagage ou l'abattage des pins contaminés, ont été prises.
Que faire en cas de suspicion d'attaque ?
Les particuliers sont appelés à signaler toute présence ou suspicion de présence de Toumeyella parvicornis au SRAL (Service Régional de l'Alimentation) ou à la FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) de leur région. Les signaux d'alerte : le rougissement des aiguilles, la présence de fumagine et la coloration noire des aiguilles due aux excrétions des insectes.
Selon l'importance de l'attaque, le pin hôte sera traité, élagué ou détruit, aux frais du propriétaire. Une zone délimitée, dans laquelle la circulation des pins sensibles est réglementée, pourra être également mise en place autour des végétaux infestés.